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Géopolitique

L'islamisme en Turquie

Sami Aoun, professeur de science politique

Menace pour la laïcité ou ­espoir pour le libéralisme?

Pays républicain et laïque, charnière entre l'Europe et l'Asie, la Turquie a vécu un événement politique important : aux élections du 22 juillet 2007, les islamistes du Parti de la Justice et du Développement (AKP) ont à nouveau remporté le pouvoir haut la main. Le fait que la majorité parlementaire soit détenue par des ­islamistes risque de déclencher une onde de choc dans le monde musulman. Certains médias y voient une menace sérieuse pour la laïcité du régime turc, le premier et l'un des rares régimes laïques en terre ­d'Islam. D'autres pensent, au contraire, qu'il y a là une lueur d'espoir, puisque cela permettra peut-être de ­concilier enfin islamisme, démocratie et libéralisme.

Les islamistes soutiennent, en effet, que leur victoire leur donnera la possibilité de renforcer les idéaux républicains et les valeurs de la modernité. Rendre ces valeurs moins menaçantes aux yeux des musulmans faciliterait leur enracinement dans la culture islamique. Ce serait aussi une bien meilleure solution que le nationalisme turc, dont l'ethnocentrisme intégrateur respecte peu la diversité ethnique et religieuse du pays.

Au dire même des islamistes, leur parti, l'AKP, prône un modèle turc islamo-libéral qui aurait sa place dans l'Union européenne. Cela démentirait certainement l'interprétation faite par d'autres groupes islamistes qui, à l'instar d'Al Qaeda, se situent aux antipodes de la démocratie.